• La langue, cet organe de la vue ...

    Extrait du site

       http://www.inlb.qc.ca/

     

      La langue : un organe visuel?

    6e symposium scientifique
    sur l'incapacité visuelle
    et la réadaptation

    Apprentissage et plasticité neuronale

    La langue : un organe visuel?

    Maurice Ptito
    École d'optométrie, Université de Montréal

    La vision est sans aucun doute l'un des biens les plus précieux pour l'être humain. Être privé de la vision, soit de façon accidentelle ou encore congénitale, ne permet plus d'apprécier les beautés que nous offre notre environnement et mène souvent au désespoir et à la dépendance sociale. La curiosité et l'esprit inquisiteur propres à l'être humain, alliés à une ingéniosité des plus créatrices, ont permis de soulager partiellement la misère liée à la perte de ce sens.

    Pensons par exemple, à Louis Braille qui a développé le siècle passé, un outil simple et ingénieux donnant aux malvoyants une certaine indépendance en leur permettant de lire grâce à un alphabet particulier faisant appel au système tactile. Cet alphabet est fait de points saillants disposés selon plusieurs configurations (un maximum de 6 points sur 2 colonnes et 3 rangées) représentant des caractères que le malvoyant peut reconnaître avec le bout de ses doigts. Chaque point en relief ressort d'environ 1 mm de la surface et l'espace entre les points est d'environ 2.3 mm. Le braille est le moyen le plus efficace d'accéder à l'information écrite.

    Il existe actuellement sur le marché des prothèses visuelles allant de l'invasif chirurgical (impant d'électrodes dans le nerf optique, dans la rétine et dans le cortex) à d'autres moins invasifs tels que les machines utilisant d'autres systèmes sensoriels (surtout tactile ou auditif). Il est en fait possible d'utiliser la peau ou encore l'oreille comme modalité sensorielle pour acheminer l'information visuelle chez l'aveugle. On peut penser à des systèmes comme l'Optacon ou encore le Voice qui permettent la conversion de l'image captée par une caméra en stimulus tactile ou auditif.

    Cette transduction de l'intrant sensoriel est communément appelé substitution sensorielle. Celle-ci réfère donc au remplacement d'un intrant sensoriel donné (vision, somesthésie, audition) par un autre, tout en préservant les fonctions clés du sens original. Cette définition comportementale trouve son corrélat neurophysiologique dans le phénomène de la plasticité intermodale qui réfère à l'acheminement de la stimulation visuelle dessinée, par exemple sur la peau, au cortex visuel provoquant ainsi une perception visuelle de l'image. Ces deux phénomènes, substitution sensorielle et plasticité intermodale ont été étudiés dans nos laboratoires de recherche en sciences de la vision sur un modèle animal (cécité corticale induite) et sur un modèle humain (cécité congénitale).

    Quand le cortex auditif devient visuel

    La plasticité intermodale chez le hamster : Études anatomiques et comportementales.

    Il est possible de créer chirurgicalement des projections rétinofuges aberrantes et permanentes dans le thalamus auditif du hamster. Pour ce faire, sous anesthésie générale profonde, le cortex visuel du hamster nouveau-né est aspiré et les structures mésencéphaliques telles que les tubercules quadrijumeaux supérieurs sont détruites par coagulation. Cette chirurgie provoque une croissance des axones des cellules ganglionnaires vers des cibles inappropriées comme le corps genouillé médian du thalamus (relais thalamique de l'audition), structure dans laquelle se font des synapses fonctionnelles avec des neurones dont les axones projettent vers le cortex auditif (fig. 1). En fait, dans cette préparation, les yeux se trouvent maintenant connectés au système auditif. La question concerne l'aspect fonctionnel d'une telle réorganisation. En d'autres termes, le cortex auditif a-t-il acquis des propriétés visuelles? Nous avons abordé cette question par le biais de l'électrophysiologie cellulaire qui consiste à enregistrer l'activité d'une cellule nerveuse tout en l'exposant à une variété de stimuli visuels. Nous avons récemment montré (Ptito et al., 2001) que les neurones du cortex auditif présentent en fait des propriétés physiologiques semblables à celles retrouvées dans le cortex visuel d'un animal normal. Les cellules auditives ont acquis des caractéristiques particulières telle que la bimodalité (réponses à un intrant visuel et à un intrant auditif) (fig. 2).

    De plus, les cellules répondant au stimulus visuel sont sensibles entre autres à l'orientation du stimulus visuel, à son mouvement et à sa direction. La différence se situe cependant dans la décharge spontanée des cellules et dans leur réponse moins claire que leurs homologues du cortex visuel normal. Nous venons donc de voir que le cortex auditif peut acquérir des propriétés visuelles, mais ces nouvelles connections permettentelles à l'animal opéré d'exécuter une tâche comportementale? Nous avons évalué les capacités discriminatives de hamsters normaux et d'autres opérés dans une boîte de discrimination à deux choix. La tâche des animaux était de choisir entre deux stimuli celui qui était appâté. Les stimuli visuels utilisés ont été choisis en fonction de leur capacité prouvée à activer les neurones du cortex visuel (fig.3).

    Nous avons obtenu les résultats suivants : les hamsters normaux et opérés n'ont aucune difficulté à apprendre les tâches visuelles (Frost et al., 2000 ; Ptito et al., 2001). Si le cortex visuel des hamster normaux est détruit, ils perdent la capacité à exécuter la tâche de discrimination visuelle alors que la destruction du cortex auditif n'entraîne aucun déficit visuel. En revanche, la destruction du cortex auditif des hamsters opérés (rappelons-nous qu'ils n'ont pas de cortex visuel) entraîne une cécité corticale aussi profonde que celle observée chez les hamsters normaux après lésion du cortex visuel (fig.4). Ces résultats indiquent donc qu'il y a eu une substitution corticale entre les cortex visuel et auditif, ce qui fournit une bonne indication que la plasticité intermodale a bien eu lieu.

    La substitution sensorielle chez l'aveugle-né : études comportementales et imagerie cérébrale

    Comme nous l'avons vu plus haut, la substitution sensorielle chez l'humain est un phénomène comportemental généralement accepté qui possède des fondements neurologiques. En effet, certains auteurs ont montré que des sujets aveugles experts en braille ont une activation significative de leur cortex visuel lorsqu'ils sont soumis à une tâche de lecture dans un tomographe à émission de positrons (TEP) (Sadato et al., 1996). Encore plus frappant, une lésion accidentelle du cortex visuel chez un aveuglené très performant en lecture braille entraîne une aléxie irréversible mettant ainsi l'accent sur l'importance du cortex visuel dans la lecture du braille chez l'aveugle-né. Nous avons récemment utilisé dans nos travaux, une nouvelle prothèse visuelle qui se sert de la langue comme médium (semblable aux doigts pour le braille). Ce système est composé d'une grille ayant 144 points de stimulation électrique reliée à un ordinateur et une caméra vidéo. L'image captée par la caméra est traduite en influx électrotactiles sur la langue. Les sujets entraînés avec un tel système sont capables d'apprendre un ensemble de tâches visuelles par le biais de la langue. Ce système a reçu le nom de Tongue Display Unit (TDU) (Bach-y-Rita et al., 1998) (fig. 5).

    Dans notre étude, nous avons utilisé deux groupes de sujets : des voyants avec les yeux bandés et des aveugles-nés. Dans une première phase dite de familiarisation, les deux groupes de sujets ont été mis en présence du TDU : explication de la tâche, manipulation de la machine, etc. Le lendemain matin, tous subissent une prise d'images de leur cerveau (MRI et TEP ) pendant l'exécution initiale de la tâche qui consistait à discriminer l'orientation de la lettre « T », prise par la caméra et délivrée par un patron électrotactile sur la langue. Le sujet répondait manuellement en utilisant son pouce (droite, gauche, haut et bas). A la fin de la période de prise d'images, les sujets étaient retournés chez eux et dès le lendemain, l'entraînement à la tâche reprenait à raison d'une séance d'une heure par jour jusqu'à ce que tous les sujets se rendent au critère d'apprentissage fixé à 85 % pendant deux jours consécutifs. Après l'atteinte de l'objectif, les sujets étaient remis dans le tomographe et une nouvelle séance de prise d'images était effectuée lorsque les sujets faisaient la tâche de discrimination d'orientation. Nos résultats comportementaux ont montré que tous les sujets apprennent la tâche quoique les aveugles-nés présentaient un net avantage quant à la vitesse d'apprentissage et la rapidité de la réponse. Les résultats au TEP indiquent qu'au niveau pré-apprentissage, il n'y a aucune activation du cortex visuel ni chez les voyants avec les yeux bandés ni chez les aveugles-nés. En revanche, après l'apprentissage, seuls les aveugles-nés présentent une activation occipitale (fig.6).

    Ces résultats appuient la notion selon laquelle les aires visuelles corticales de l'aveugle peuvent être activées par une autre modalité sensorielle et que la langue est un véhicule adéquat pour transporter l'information vers le cortex visuel. Ces résultats ne sont pas sans rappeler ceux rapportés par d'autres auteurs sur des voyants et des aveugles pour des tâches utilisant le braille. Il semble donc que l'utilisation prolongée de la langue, comme c'est le cas des doigts chez les experts en braille, accentuent les processus de plasticité qui surviennent pendant la privation sensorielle.

     


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    L'accessibolité à Lyon

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